Stiltsville : des cabanes de pêcheurs au goût d’interdit…

Si, par un beau matin d’hiver, l’envie vous prend d’aller voguer du côté de Key Biscayne, vous découvrirez à un mille nautique au sud du phare de Cap Florida, un bien étrange village lacustre : Stiltsville, ses cabanes de pêcheurs sur pilotis et son passé sulfureux du temps de la Prohibition…

Des cabanes lacustres au large de Key Biscayne

Quelques maisons de bois aux formes géométriques, combinaison enfantine de triangles et de cubes colorés, flanqués d’estrades et de balcons, semblent s’ériger sur les flots. Un rêve flottant… Un petit goût du banc d’Arguin au Cap Ferret, quelques réminiscences de nos cabanes ostréicoles du bassin d’Arcachon. Pourtant, nous sommes bien à Miami et ces cabanes de pêcheurs sur pilotis qui déclinent leurs couleurs, tantôt pastel, tantôt acidulées, s’assoupissent à fleur d’eau dans un dégradé bleuté.

Appartenant aujourd’hui au parc national de Key Biscayne, elles font la joie des plaisanciers et des plongeurs.

Prohibition, jeux d’argent… Des cabanes sur pilotis au passé sulfureux !

Pourtant, ces créatures évanescentes n’ont pas toujours eu une vie si rangée… Créées dès les années 30’ par Eddie Walter, ces cabanes furent des figures de proue au temps de la Prohibition. Grâce à leur situation géographique stratégique (à plus d’un mille des côtes américaines), elles permettaient de contourner la loi qui interdisait les jeux d’argent, les paris et la consommation de boissons alcoolisées. Leurs nombreux quais et pontons offraient à leur tour une grande capacité d’accueil pour les hôtes de ce casino flottant.

Emblème de la perdition, Stiltsville devint dans les années 80’, une plateforme de choix pour le narcotrafic, bien loin de la surveillance des garde-côtes. Renégate, ravagée ces dernières années par les incendies et les ouragans, elle ne compte plus que sept « belles au bois dormant ». Protégées, accessibles uniquement par bateau, elles sont aujourd’hui à louer, le temps d’une journée ou d’un week-end pour profiter pleinement de cette scénographie de sable et d’eau.