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Regardez cette photo. Si un observateur anglophone va se focaliser sur le parcours emprunté cette jolie femme, un germanophone fixera son attention sur sa destination éventuelle. Une personne bilingue serait, selon les chercheurs, capable d’appréhender les deux en même temps.

Etre bilingue, c’est superposer les points de vue

« Mais qui a volé ma cassette ? –Ma cassette, ma cassette ! »

Nous nous souvenons tous de cette tirade de l’Avare portée aux nues par un Louis de Funès hilarant en Harpagon pingre et cinglant. Si vous faites lire cette question à un étudiant allemand vous obtiendrez une réponse plus précise qu’avec un étudiant français. Si vous envisagez le pourquoi du larçin : « Mais comment la cassette a–t-elle été subtilisée ? » là, ce sera sûrement le lecteur anglophone qui saura le mieux répondre à cette question. En effet, selon l’étude publiée par les chercheurs de l’université de Lancaster les locuteurs anglais et français envisagent les actions et leurs conséquences sous un angle différent. L’équipe de chercheurs nous démontre que les personnes bilingues peuvent retenir les éléments les plus intéressants de chaque point de vue, et naviguer de l’un à l’autre car leur façon de penser est souple et plurielle.

« Deux langues mettront différemment l’accent sur les actions et leurs conséquences, ce qui influence finalement la vision du monde, explique notre expert » Les travaux de l’équipe d’Athanasopoulos « Two languages, two minds » , mettent en évidence le fait que les personnes bilingues vont tirer le meilleur parti des deux visions du monde qui leur sont offertes et faire preuve d’ une pensée  « plus flexible  » d’une vision à l’autre.

Quand la langue maternelle forge notre vision du monde

Quand deux esprits différents cohabitent…

Depuis la fin des années 40, les chercheurs en sciences cognitives se sont penchés sur l’étude de langue maternelle et de la façon dont elle forge notre façon de penser. L’angle sous lequel nous envisageons le monde n’est pas le même. Par exemple, les russophones distinguent plus rapidement les nuances de bleu quand les anglophones semblent plus dépourvus de ce 6ème sens chromatique. Malgré le scepticisme de certaines écoles, les dernières recherches démontrent que notre langue maternelle nous incite à nous pencher davantage sur certains aspects du monde qui nous entourent. En interrogeant les personnes bilingues, « on ne se demande plus si des personnes bilingues ont plusieurs esprits mais bien si deux esprits différents peuvent cohabiter dans la même personne ? » souligne le psycholinguiste Panos Athanasopoulos de cette université anglaise .

 Cas pratiques…

L‘équipe s’est, en effet, penchée sur l’étude d’un détail qui distingue les locuteurs anglais des locuteurs allemands. Si la langue anglaise dispose d’outils grammaticaux pour situer et séquencer des actions dans le temps : « Je me dirigeais vers la salle de réunion quand j’y aperçus Irène », la langue allemande ne pourra pas faire cette distinction. Elle s’attardera plutôt sur le début, le milieu et la fin des évènements lorsque le locuteur anglais se fixera sur l’action elle-même. Cette étude démontre par ses nombreux exemples que la différence linguistique affecte totalement notre perception du monde.

Etre bilingue, c’est améliorer ses performances cognitives

Une autre étude très intéressante, publiée il y a peu par l’université d’Edimbourg, démontrait que les polyglottes sont des funambules des passerelles linguistiques et des gymnastes de la cognition. Grâce à ces outils, ces derniers tiendraient la démence à distance. Selon l’étude, ce sont 5 années gagnées de performance cognitive pour les polyglottes face au déclin naturel de ces facultés avec l’âge chez le reste des mortels. Le bilinguisme (ou plus) pourrait donc accroître positivement les capacités cognitives en activant en permanence deux langues et leur interactivité. Le cerveau devient ainsi un athlète cognitif puissamment entraîné, ce qui lui offre le luxe de produire moins d’efforts à la réalisation d’autres tâches cognitives, selon les chercheurs de la Northwestern University.

Comme le rappelle le chercheur Panos Athanasopoulos : « parler une langue supplémentaire revient à avoir une vision du monde supplémentaire ». Maîtriser plusieurs langues, c’est « comme écouter de la musique en stéréo et non avec une seule enceinte » .

Offrez l’anglais à ses enfants, c’est leur proposer un monde en home stéréo !

www.sciencemag.org

Revue Psychological Science 6 mars 2015 « Two Languages, Two Minds »

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